Quand des assureurs influent sur la décarbonation de leurs clients

Une entreprise fait partie d’un tout, d’un écosystème. Elle doit penser sa stratégie en lien avec ses parties prenantes, sa chaîne de valeur. Et ce qui vaut d’un point de vue général est également valable pour la stratégie de décarbonation qu’elle met en place. Aujourd’hui la réussite de la transition énergétique ne passe plus uniquement par les seuls acteurs de l’énergie : ainsi certains énergéticiens, tel RWE, le géant allemand, le découvrent à leurs dépends.

Des stratégies de sortie du charbon trop peu ambitieuses

En 2019 RWE, énergéticien allemand de premier ordre et premier émetteur européen de CO2, surprenait le monde en annonçant sa volonté de sortir du charbon, trajectoire à l’appui. Son objectif étant d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2040, il a présenté une feuille de route pour y parvenir, avec notamment la fermeture de centrales à charbon pour un équivalent de 6000 MW d’énergie d’ici 2030 et la sortie définitive du charbon en 2038. 

Cette stratégie se calque sur celle de l’Allemagne, qui a voté, le 3 juillet 2020, la fin de la production d’électricité au charbon en 2038. Ambition fortement décriée par les écologistes qui considèrent que cette feuille de route, trop lente, ne permettra pas d’atteindre le niveau défini lors des accords de Paris. On pourrait penser que le fait de se baser sur une stratégie nationale est suffisant pour une entreprise, et en particulier un géant comme RWE, mais c’est compter sans les autres acteurs de la chaîne de valeurs : fournisseurs, partenaires, clients… mais aussi assureurs et banquiers !

Quand les assureurs s’en mêlent 

Ainsi RWE se fait lâcher par son principal assureur, Axa, à cause de la faiblesse de sa stratégie de sortie du charbon. Celle-ci ne correspondant pas à celle de la compagnie d’assurance qui a fixé pour 2030 sa propre sortie du charbon. 8 ans de retard donc pour RWE. Intéressant de noter le positionnement d’Axa qui lâche complètement un de ses plus gros clients pour atteindre ses objectifs de décarbonation : Jusqu’alors les assureurs ne mettaient un véto que sur la partie concernée. Et pas question pour RWE de se tourner vers la concurrence. Les autres compagnies, telles Allianz ou Zurich, ne le suivront pas non plus avec cette trajectoire.

Les assureurs ne sont pas les seuls à challenger les stratégies de leurs clients et à les contraindre à revoir à la baisse leurs émissions.  Les banques elles-aussi sont dans cette démarche. Ainsi, le Crédit Mutuel, pour atteindre son objectif de sortie totale du charbon d’ici 2030, a de même mis un terme à plus de 700 contrats. Et celles qui ne jouent pas le jeu sont rappelées à l’ordre, telle HSBC.

On sent bien que le vent tourne et que la réglementation n’est plus le seul levier pour réussir la transition énergétique, et a fortiori écologique. Les stratégies des entreprises doivent désormais intégrer toutes les parties prenantes et être cohérentes par rapport aux objectifs des autres acteurs de leur chaîne de valeur. Au risque de perdre l’accès aux financements et aux indispensables assurances…

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D’après :

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